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il venait frapper sur le bateau et demandait l'autorisation de monter à bord. On faisait le tour, on jasait un peu. Il refaisait le même manège que moi! Et juste avant de partir, chaque fois, soit sur un mât, soit sur une cloison, il embrassait La Licorne en laissant échapper quelques larmes. Ça sera toujours son bateau à lui.
Avez-vous déjà navigué sur les mers du Sud?
Non. J'ai toujours navigué au froid: le Saguenay, je ne compte plus les fois où j'y suis allé, l'île dAnticosti, l'archipel de Mingan, les Îles-de-la-Madeleine... Le plus au sud que je suis allé, c'est sur le lac Saint-Louis. Mais là, je suis tanné du froid. Quand il fait 14 'C en plein été sur le fleuve, on a un maudit bel été pour naviguer. Il faut s'habiller comme en hiver à l'année longue!
(...)
Comme vous êtes toujours sur l'eau, la vie familiale ne doit pas être facile.
De deux choses l'une: soit que la famille vienne avec nous et s'habitue à notre rythme de vie, soit qu'elle éclate. J'ai souvent pensé qu'en revenant chez moi,

à l'automne, je trouverais ma valise sur le perron. Je n'aurais pas eu de reproches à faire à qui que ce soit parce que, moi, je vivais ma vie pendant que ma famille m'attendait, et elle n'y était pas obligée. Par contre, je passais tout l'hiver à la maison. Je présume que ma femme était contente quand je revenais à l'automne, mais elle devait l'être aussi quand je repartais au printemps! Mes enfants, je les
ai connus quand ils ont eu 16, 17 ans, à l'âge où ils ont pu monter à bord et communiquer réellement.
Ont-ils la même passion que leur père ?
Éric probablement. Il vient d'acheter un petit voilier de 21 pi et il est en train de le remettre en état pour naviguer. Par contre, il est mieux que son père, il a fait des
études; il termine sa maitrise en géomorphologie. Marie-Noëlle,elle, est inscrite en tourisme au collège de Granby. Ça se tient un petit peu.

PAR MARIE-CLAUDE CLOUTIER
PHOTO: GEORGES DUTIL

 


Le capitaine envie parfois le climat plus clément des mers du Sud. Pour le moment Richard Thibeault consacre la plus grande partie de son temps à la marlna qu'il vient d'acquérir à l'île Goyer.
"J'ai toujours navigué au froid : le Saguenay, l'île d'Anticosti,l'archipel de Mingan, les lles-de-la-Madeleine
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